
Apprivoiser le diabète : Un défi quotidien pour Martin et sa famille
"On s’organise", expliquent, pragmatiques, Claire et Olivier, les parents de Martin, 8 ans, diagnostiqué d’un diabète de type 1 à l’âge de 5 ans. Pour cette famille belge de Soignies, l’adaptation est désormais devenue une routine.
Diagnostiqué à l'âge de 5 ans
« Tu peux tout manger et tout faire, mais pas n’importe quand » : voilà ce que répète souvent Claire à son fils. À seulement 5 ans, Martin a en effet reçu un diagnostic de diabète de type 1 qui a bouleversé le quotidien de sa famille. Aujourd’hui âgé de 8 ans, il grandit entouré de ses parents, Claire et Olivier, et de sa grande sœur, dans une maison pleine de rires, de chaleur et de résilience à Soignies, en Belgique.
« Là, c’était avant l’annonce du diagnostic » explique d’emblée Claire, dans le couloir, en pointant du doigt un cadre avec une photo de famille. « Vous voyez comme il était plus mince ? Et puis là, c’est juste après lors d’un voyage à Rome qui a suivi l’annonce. Et là, avec son père, en plein carnaval avec les Gilles de Morlanwelz. »
Aujourd’hui, je suis le roi du diabète!

Martin
Les premiers soupçons de sa mère
C’est Claire, enseignante en éducation à la santé, qui a vite repéré les premiers symptômes chez son fils : perte de poids, teint pâle, soif intense, fatigue inexpliquée, énurésie nocturne… « Il buvait jusqu’à un litre d’eau avant de dormir ! », détaille son père. « Avec mon expérience en sensibilisation, j’ai tout de suite pensé au diabète », confie-t-elle. Quelques jours plus tard, un test sanguin suivi par une hospitalisation d’urgence en soins intensifs a confirmé le mal qui touchait Martin.
« Malgré mes soupçons, le diagnostic a été un choc », avoue Claire qui a traversé une phase de déni. « Pour sa sœur, c’était difficile de comprendre que ce diagnostic était pour toujours ». Olivier, le papa, lui, se souvient des débuts difficiles. « On pensait que tout allait changer, que rien ne serait plus comme avant. Mais en fait on s’adapte. Ce qui paraissait insurmontable au départ ne l’est plus du tout aujourd’hui. Maintenant, on « sait » ! » sourit-il. Et Claire d’ajouter : « C’est un apprivoisement ».
Sans antécédents familiaux de diabète, les médecins ont envisagé un possible déclencheur émotionnel, peut-être lié aux débuts de vie de Martin, né avec des pieds bots. « Mais on n’est pas sûrs de l’origine. On ne le saura jamais je crois. » continue Claire. « Nous avons aussi fait le test de dépistage et nous ne sommes pas porteurs. Mon papa vivait avec un diabète de type 2, mais c’est complètement différent... »

Manger de tout, mais pas n’importe quand
Quoi qu’il en soit, la famille a réorganisé son quotidien pour gérer les variations de niveau de glucose sanguin – les fameuses « hypers » et « hypos » – qui rythment la vie de Martin. Ce dernier a découvert son nouveau quotidien à l’hôpital. Pendant une grosse semaine, l’équipe soignante a en effet « donné cours » à la petite famille. « C’était énormément d’information ! », insiste Olivier. Au bout de quelques jours, Martin est revenu chez lui avec un hippopotame en peluche multicolore, indiquant les zones du corps à privilégier pour pratiquer les injections d’insuline.
Les repas sont désormais adaptés à ses besoins et à ses deux injections journalières: exit le pain blanc et les jus, place aux pâtes al dente pour tout le monde. Mais ces ajustements n’empêchent pas la famille de profiter de moments heureux. « On a été récemment à Plopsaland et nous avons mangé des crêpes, comme tout le monde » raconte avec émotion la maman. « Le weekend dernier on a été au cinéma et évidemment, Martin a aussi eu droit à des popcorns ! Bon, pendant le film ça a sonné... il n’aime pas ça évidemment. Mais on avait le stylo avec nous et discrètement, on lui a fait une petite piqûre. Par contre on va choisir la séance de 14 heures comme ça, ce sera assimilé au goûter. »

« Le Roi du diabète »
« Il a le droit de manger de la galette des Rois ou un morceau de bûche de Noël. On va juste peser exactement ce qu’il mange » continue Claire, avant d’être interrompue par Martin qui s’exclame, sur un ton très enjoué, après avoir découvert la fève dans son morceau de galette : « Et moi, aujourd’hui, je suis le roi du diabète ! ».
Malgré les contraintes liées à la maladie, Martin reste un enfant comme les autres. Il adore jouer avec ses superhéros, son train électrique et prendre part aux festivités locales. « Toujours avec un bonbon ou un soda en poche, « au cas où » », explique son papa.
Les fêtes d’anniversaire ou les occasions spéciales demandent juste une vigilance particulière. « Les activités physiques comme le trampoline peuvent déclencher une hypo rapidement, donc on reste toujours à proximité. On sait que l’effort ou le stress ont une influence sur ses niveaux glycémiques. Quand il prend l’avion ou quand il retourne à l’école après une période de vacances, on le voit directement sur sa courbe de glucose sanguin par exemple. »
Le défi des nuits
Ce qui reste le plus compliqué à gérer pour le couple ? Les nuits ! « En cas d’hypoglycémie, il faut le réveiller et lui donner à manger », explique Olivier. « Le babyphone a même refait son apparition, à un âge où il ne devrait plus » ajoute Claire. Les parents ont également adapté leurs horaires professionnels en fonction. « Je travaille à mi-temps et je ne commence jamais à 8h30 pour avoir l’occasion de ne pas le stresser le matin, pour avoir le temps de lui faire son injection d’insuline » continue Claire. « En plus on doit aussi ajouter les séances de kiné de Martin, pour ses pieds, à nos horaires ».
À l’école, une infirmière est venue expliquer la maladie à ses camarades. « Au début, certains enfants avaient peur de jouer avec lui, pensant qu’ils pouvaient « attraper le diabète ». Mais maintenant, tout est rentré dans l’ordre. »
Si sa maman appréhende quelque peu un prochain voyage scolaire de 4 jours et 4 nuits, son papa lui est plus confiant. « Martin va gérer. » « Il faut juste qu’on téléphone pour connaitre tous les menus » ajoute, Claire, toujours pragmatique. « Ca reste difficile de le confier à d’autres. Les gens ont peur et moi aussi. Ca nous a pris tellement de temps pour apprivoiser la maladie, donc comment on peut expliquer en 10 minutes à quelqu’un comment réguler tout ça... » Néanmoins, Claire est ravie de le voir participer à des camps scouts, où sa sœur est cheftaine, ou à des camps organisés avec d’autres enfants vivant avec le diabète.
Des habitudes saines pour l’avenir
Mais les défis quotidiens liés à la maladie n’enlèvent rien à l’optimisme de Claire et Olivier. « La recherche avance. Nous espérons qu’un jour, il existera un traitement plus simple, comme un médicament. Surtout pour les enfants », déclare Olivier.
Et Claire de conclure avec philosophie : « Quelque part, je me dis que le fait qu’il ait appris à vivre avec cette maladie dès l’enfance lui permet d’intégrer des habitudes saines qui lui serviront pour toute sa vie! C’est une force qu’il portera avec lui. »
Ca nous a pris tellement de temps pour apprivoiser la maladie

Martin