Pour les héroïnes de l’hémophilie

Publié le: 8 juillet 2022

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Jane Smith, responsable des affaires publiques et de la défense des patients atteints de troubles hématologiques rares, est ici photographiée avec son fils Leland Smith.
Jane Smith, responsable des affaires publiques et de la défense des patients atteints de troubles hématologiques rares, est ici photographiée avec son fils Leland Smith.
L’innovation et la R&D en matière d’hémophilie battent leur plein pour contribuer au développement de nouveaux traitements permettant aux personnes atteintes de ce trouble hématologique rare de vivre la vie qu’elles ont choisie. Nous avons demandé à Ekta Seth Chhabra, éminente chercheuse en hématologie, et à Jennifer Dumont, spécialiste de l’hémophilie, de revenir sur diverses avancées marquantes de la recherche et de nous donner quelques perspectives d’avenir.

Rendre les traitements contre l’hémophilie plus sûrs et plus durables

« L’un des plus grands moments de la lutte contre l’hémophilie a été la mise à disposition, dans les années 1970, de concentrés lyophilisés dérivés du plasma », explique Jenny Dumont, directrice médicale de Sanofi. « Ces concentrés ont permis aux patients de se soigner à domicile et de s’auto-administrer les soins, ce qui a constitué une avancée considérable dans la lutte contre la maladie. »

Malheureusement, dans les années 1980, de nombreuses personnes atteintes d’hémophilie ont été soignées avec des produits contaminés, et infectées par le VIH et/ou l’hépatite C. Certaines sont décédées, et beaucoup ont subi des conséquences à long terme sur leur santé. « Ça a été une période très sombre de la lutte contre l’hémophilie, et un véritable tournant à la fois pour la défense des patients et la science », poursuit Mme Dumont.

ADN recombinant

Dans les années 1990, un autre jalon essentiel a été posé : le développement de produits recombinants utilisant la technologie de l’ADN. « Dorénavant, les patients ne dépendaient plus des facteurs de coagulation dérivés du sang humain. Les produits recombinants étaient plus sûrs car ils présentaient un risque largement inférieur de transmission de maladies infectieuses », explique Ekta Seth Chhabra, scientifique émérite.

Les facteurs de coagulation recombinants constituaient une solution thérapeutique plus sûre que les facteurs de remplacement issus de dons de sang. L’auto-administration régulière et à domicile de ces injections permettait d’éviter les saignements. Résultat : l’espérance de vie a augmenté de plusieurs décennies, se rapprochant de celle de la population générale.

Bientôt, les personnes atteintes d’hémophilie disposeront d’un vaste éventail de solutions thérapeutiques, parmi lesquelles elles pourront, conjointement avec leur médecin, choisir le traitement qui leur convient le mieux en fonction de leurs besoins et de leurs préférences. La recherche a fait d’immenses progrès, et c’est un véritable soulagement de savoir que ces traitements pourront améliorer considérablement la vie des patients et de leurs familles.
Jenny Dumont

Jenny Dumont

Directrice médicale

Ingénierie avancée des protéines

Cependant, les protéines du facteur de coagulation n’ayant qu’une durée de vie relativement courte, les personnes atteintes d’hémophilie devaient s’auto-injecter fréquemment. Jusqu’à ce qu’en 2014, un nouveau type de facteur de coagulation recombinant soit développé. En effet, l’ingénierie avancée des protéines a permis d’élaborer des facteurs de coagulation du sang qui persistent bien plus longtemps dans la circulation sanguine. La création de tels produits à action prolongée a permis aux patients de réduire le nombre d’injections par semaine.

Mais toutes les personnes atteintes d’hémophilie ne peuvent bénéficier des facteurs de remplacement à demi-vie prolongée. C’est pourquoi nos équipes étudient de nouvelles approches.

Pas de traitement unique contre l’hémophilie

« En matière d’hémophilie, il n’existe pas de traitement unique », indique Seth Chhabra. « Même des frères qui partagent le même gène muté peuvent nécessiter des traitements différents à différents moments. »

L’équipe de Seth Chhabra travaille en collaboration avec la société biopharmaceutique Sobi dans le cadre d’études cliniques afin de mettre au point une thérapie offrant un meilleur niveau de protection et une plus longue durée de vie aux personnes atteintes d’hémophilie A sans inhibiteurs (anticorps qui s’attaquent aux facteurs de remplacement). L’idée est d’enfoncer le « plafond de verre » de la maladie de von Willebrand : le temps limité pendant laquelle les facteurs VIII de coagulation restent en circulation.

Cette thérapie expérimentale repose sur une protéine de fusion unique, constituée de différents composants assemblés en une seule unité au niveau moléculaire. Le développement de cette protéine de fusion n’a été ni rapide ni facile : Seth Chhabra et ses collègues ont dû essayer plus de 400 itérations avant de parvenir à leur objectif.

La possibilité de ne plus avoir à penser à cette maladie, de ne plus avoir à s’en inquiéter chaque jour, pourrait vraiment changer la donne.
Ekta Seth Chhabra

Ekta Seth Chhabra

Scientifique émérite

La technologie de l’ARNip dans la lutte contre l’hémophilie

Un autre projet en cours chez Sanofi repose sur la technologie des petits ARN interférents (ARNip). Nous étudions la manière dont ils peuvent contribuer à rééquilibrer le réseau de protéines dans le sang responsables de la coagulation. Toutefois, chez les personnes atteintes d’hémophilie, l’absence de facteurs VIII ou IX favorise les saignements.

L’idée avec la technologie des ARNip serait de faire pencher la balance dans l’autre sens, de renforcer la coagulation en rééquilibrant la teneur en antithrombine, l’une des protéines anticoagulantes. Certes, cette approche ne permet pas de combler les manques à l’origine de l’hémophilie, mais contribue à rééquilibrer le réseau de coagulation du sang. Elle amène à repenser la mise au point de solutions thérapeutiques pour les personnes atteintes d’hémophilie, et présente même un intérêt pour les patients qui ont développé des inhibiteurs provoquant le rejet par l’organisme des traitements à base de facteurs.

L’objectif : ne plus vivre dans l’inquiétude permanente

« Bientôt, les personnes atteintes d’hémophilie disposeront d’un vaste éventail de solutions thérapeutiques, parmi lesquelles elles pourront, conjointement avec leur médecin, choisir le traitement qui leur convient le mieux en fonction de leurs besoins et de leurs préférences », explique Jenny Dumont. « La recherche a fait d’immenses progrès, et c’est un véritable soulagement de savoir que ces traitements pourront améliorer considérablement la vie des patients et de leurs familles. »

« Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’hémophilie ne touche pas seulement les patients, mais des familles entières », ajoute Seth Chhabra. « Imaginez que vous deviez apprendre à votre enfant à se faire une injection intraveineuse. Ou que vous essayiez désespérément de vous rappeler si vous avez bien fait une injection à votre enfant avant de partir au travail. « La possibilité de ne plus avoir à penser à cette maladie, de ne plus avoir à s’en inquiéter chaque jour, pourrait vraiment changer la donne. »

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