Les coulisses des vaccins contre la grippe : regards sur le présent et l’avenir

Publié le: 20 février 2019

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Au plus fort de la saison grippale, on entend souvent parler dans les médias de vaccins antigrippaux de « nouvelle génération » ou « nouveaux et améliorés ». Lorsqu’il est question d’innovations dans le domaine de la santé publique, il est important de comprendre la face cachée des gros titres, afin que les professionnels de santé et leurs patients puissent prendre des décisions éclairées en matière de  prévention de la grippe. Regardons de plus près pourquoi l’efficacité de différents vaccins antigrippaux peut être variable aujourd’hui et de quelle manière Sanofi Pasteur (l’entité  mondiale de Sanofi dédiée aux vaccins) cherche à renforcer la protection contre la grippe à l’avenir.

Qu’en est-il réellement des vaccins produits sur œufs et sur cellules ?

Ces dernières saisons grippales, l’OMS, l’Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (US FDA) et les fabricants de vaccins se sont intéressés au mode de production des vaccins antigrippaux, en raison d’un possible  impact sur l’efficacité des vaccins. Dans la plupart des cas,  les chercheurs introduisent un virus de la grippe dans des œufs de poule ou dans des cultures cellulaires (milieu provenant d’un tissu d’origine animale). Dans les deux cas, le virus se reproduit en boucle. Cette réplication constitue la base du principal ingrédient des vaccins antigrippaux : l’antigène. Un vaccin antigrippal ne peut pas provoquer la grippe mais « apprend » au système immunitaire à reconnaître un virus actif dans l’environnement et à mieux le combattre. Quel que soit le milieu de production, les procédures de fabrication rigoureusement stériles durent des mois et comprennent, entre autres, les étapes suivantes : purification, tests de qualité, contrôles de sécurité, conditionnement ou encore vérifications réglementaires et commercialisation.

Pendant plus de 70 ans, la production de vaccins antigrippaux n’était possible que sur œufs. Ce mode de production reste d’ailleurs le seul moyen de fournir un volume suffisant pour répondre aux besoins mondiaux de santé publique. Principal producteur de vaccins antigrippaux, Sanofi Pasteur fournit chaque année près de 200 millions de vaccins, soit 40 % des doses produites dans le monde entier. Ces vaccins sont produits en très grande partie sur œufs.

Apparus sur le marché au cours des dix dernières années, les vaccins fabriqués par culture cellulaire sont venus récemment compléter les approvisionnements. Mais jusqu’à présent, il n’a pas été possible de déterminer si ce mode de production offre des avantages significatifs chaque année, par rapport à la production sur œufs. Les données ne sont pas encore suffisamment exhaustives pour démontrer la supériorité d’une technique de fabrication par rapport à l’autre, en matière d’amélioration de la protection contre la grippe au fil des ans.

Par ailleurs, il est important de constater que la quantité totale des vaccins fabriqués sur cellules ne représente, jusqu’à présent, qu’une infime partie de l’approvisionnement mondial. Une estimation équitable basée sur les rapports limités des fabricants porterait à moins de 15 % la production sur cellule, laissant ainsi insatisfaits une énorme partie des besoins en santé publique. La protection de la santé publique aujourd’hui et demain suppose une confiance dans tous les vaccins antigrippaux, quel que soit leur mode de production. C’est pourquoi notre industrie doit également communiquer de manière éthique et objective sur la disponibilité, l’efficacité et les répercussions de chaque type de vaccin.

Une nouvelle technologie pour une autre alternative

La réplication du virus antigrippal est problématique en ce qu’elle permet des mutations : alors qu’il se réplique, le virus peut évoluer et changer dans les œufs et les cellules, ce qui mène parfois à des « disparités » avec les virus présents dans la population chaque saison. Il s’agit d’un des facteurs pouvant nuire à l’efficacité du vaccin contre la grippe.

L’un des tout nouveaux vaccins de Sanofi Pasteur a recours à une technique de recombinaison visant à répliquer uniquement la partie de la composition génétique du virus nécessaire à la prévention de la grippe, sans compter sur la réplication du virus grippal. Nous espérons et prévoyons que l’utilisation de cette technique permettra d’éviter les mutations.

Un vaccin antigrippal offrant une large protection

Nous pensons que cette technique de vaccin recombinant peut aussi servir d’épicentre  à un autre type de vaccin à l’avenir : une dose qui offre une protection contre un large  éventail de souches de virus grippal, et non seulement contre celles supposées circuler au cours d’une saison donnée. Autrement dit, ce vaccin antigrippal à « large protection » peut constituer la base d’une prévention bien plus efficace, année après année. Nous échapperions ainsi à la variation d’efficacité que l’on constate pour les vaccins antigrippaux actuels.

En attendant, en tant qu’industrie, nous devons continuer de communiquer de manière responsable sur l’importance de la vaccination antigrippale dans son ensemble. Bien que les recherches sur l’efficacité comparative soient importantes, nous devons également continuer de communiquer régulièrement sur les résultats des recherches en examinant de façon globale les différentes options vaccinales, les profils des patients et les meilleurs résultats cliniques au fil du temps.

Au-delà de la question de la production sur œufs et sur cellules, les options sont nombreuses pour les personnes qui cherchent à mieux protéger leur famille et eux-mêmes. Vaccins à forte dose (produits sur œufs) avec une plus grande teneur antigénique que les doses standard, vaccins basés sur une technologie de recombinaison, vaccins à dose standard (produits sur œufs ou cellules) : il est important de permettre la réduction des risques associés à la grippe, en garantissant l’accessibilité et la fiabilité des vaccins à toutes les personnes qui choisissent de se faire vacciner.

De l’importance de l’œuf

Pour la production de vaccins, il demeure la méthode la plus fiable pour produire rapidement des volumes importants de vaccins antigrippaux bien tolérés et efficaces et couvrir les besoins mondiaux. Il répond parfaitement aux exigences de flexibilité et d’adaptabilité qui prévalent dans la fabrication du vaccin. Néanmoins pour le futur, nous explorons de nouvelles options parmi lesquelles la production cellulaire avec l’acquisition récente de Protein Sciences, une société de biotechnologie qui a développé le seul vaccin antigrippal à base de protéines recombinantes. Cette technique sera une alternative pour s’affranchir de l’œuf. Qui, pour l’instant, reste incontournable.

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