Sanofi X Paris 2024

Vers plus d’inclusion : En entreprise, dans le sport… Pourquoi l’homosexualité et la transidentité restent encore si taboues ?

Publié le: 18 octobre 2023

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Défilé pride, Mexique, 2023
Défilé pride, Mexique, 2023
Dans le cadre du partenariat qui lie Sanofi et les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, nous nous sommes demandé pourquoi l’homosexualité la transidentité sont encore si peu visible dans le sport et en entreprise. Décryptage.

« Si on est homosexuelle, on n’est pas désirable, on ne vaut rien  », a déclaré la comédienne Muriel Robin sur le plateau de l’émission « Quelle époque », diffusée le 16 septembre dernier. Avec cette interview, la comédienne dénonce le fait que son orientation sexuelle ait pu lui fermer les portes de l’industrie du cinéma. La question se pose tout autant dans le sport et le monde de l’entreprise, où homosexualité et transidentité restent plutôt taboues. Des luttes qui, bien qu’elles prennent du temps, avancent.

Un long chemin

Fin janvier 2023, l’ancien pilier des All Blacks, Campbell Johnstone révélait son homosexualité face aux caméras de la chaîne néozélandaise, One News. Une première pour l’équipe néo-zélandaise, mais une « seconde » dans le monde du rugby. Son coming out rejoint celui de Gareth Thomas, ancien capitaine de l’équipe du Pays de Galles, révélé en 2009 alors que l’athlète est fraîchement à la retraite. Un acte courageux dans un secteur, le sport, encore marqué par l’homophobie. 

Été 2022 : l’équipe australienne, les Sea Eagles, dévoile son nouveau maillot. Quelques bandes arc-en-ciel y ont été ajoutées. Une initiative prise par la direction du club pour porter un message d’inclusivité. Sept joueurs refusent malheureusement de le porter, pour raisons personnelles.

Une homophobie qui touche aussi le sport féminin comme le démontre l’histoire de Caster Semenya. La double championne olympique du 800 m se bat depuis des années devant les cours de justice pour invalider un règlement la contraignant à prendre un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone. « Sa victoire aux championnats du Monde alors qu’elle n’a que 18 ans va donner lieu à la production de règlements visant explicitement à exclure une femme des compétitions féminines sous le prétexte qu’elle serait dite hyperandrogène », commente Philippe Liotard, sociologue et anthropologue, spécialiste de la question des violences sexuelles et morales dans le sport. « Dans le sport, il y a une forme de présomption de culpabilité. À savoir que par principe, une personne qui serait dans la transgression par rapport à la norme, serait là pour tricher ».

Délit de masculinité ?

Cette transgression des normes s’applique aussi à l’apparence des sportifs. « Le sport renvoie à des normes de masculinité et de féminité », rappelle le chercheur. « Les femmes qui font du foot ou du rugby transgressent ces normes. Les premières équipes féminines officielles de foot datent des années 70, seulement, de rugby des années 80 ». Dans ces sports considérés comme « masculins », les femmes sont interrogées à la fois « dans leur féminité, et dans leur orientation sexuelle  ». 

Elles doivent se montrer « féminines ». Beaucoup de joueuses « portent ainsi des queues de cheval, pas Megan Rapinoe qui affiche ouvertement son homosexualité ». Et de citer les commentaires haineux sur les réseaux sociaux sur la lanceuse de marteau Alexandra Charpentier ; « parce qu’elle est forte et musclée, elle ne correspond pas à l’apparence convenue des femmes ».

Lorsqu’en 2009, la joueuse de tennis Amélie Mauresmo fait son coming out en embrassant sa compagne de l’époque pour célébrer sa qualification en finale de l’Open d’Australie, « le traitement médiatique a été horrible. Tant que les sportifs hétéros s’affichent avec leurs conquêtes ou qu’ils embrassent leurs femmes et enfants, tout va bien. Ça ne vaut malheureusement pas pour les gays et les lesbiennes. On se souvient tous de la marionnette d’Amélie Mauresmo aux Guignols de l’info, qui la montrait comme un mec hyper bodybuildé. C’est ni plus ni moins de la lesbophobie ». Une manière de considérer que les lesbiennes seraient des « mauvaises femmes ».

Une lutte qui avance, déclare Christelle Foucault, notamment grâce au travail des associations sportives LGBT+ avec le Ministère des Sports, les fédérations nationales, les institutions et organisations engagées. La politique inclusive des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques, Paris 2024, qui accueillera, par ailleurs, une Maison des Fiertés, pilotée par l’association Fier-Play, contribue à montrer le chemin et cette édition s’annonce déjà comme celle qui comptera le plus d’athlètes LGBT+ out de l’histoire des Jeux.

Doucement mais sûrement ?

Dans le monde du travail, le parcours vers plus d’inclusion progresse. Et il est temps. L’enquête d’IPSOS, LGBT + Pride 2023 révèle ainsi que 10 % des Français estiment faire partie de la communauté LGBT+. Ce chiffre grimpe à 19 % dans la Gen Z. « Les nouvelles générations le vivent mieux que leurs aînés », commente Catherine Tripon, porte-parole nationale de l’Autre Cercle, une ONG qui œuvre à l’inclusion des personnes LGBT+ au travail depuis plus de 25 ans. Ces avancées prennent du temps. Signe des temps qui changent, « cette année, pour la première fois nous allons intervenir au MEDEF ».

« Nous agissons pour que le monde du travail reconnaisse les singularités ». Les salariés LGBT+ n’osent par exemple pas activer leurs jours de congé d’accueil de l’enfant, de mariage, de PACS ou d’enfant malade. « Notre enquête VOILAT- IFOP révèle par exemple que 38% des employées lesbiennes ne mettent pas leur conjointe comme contact en cas d’urgenceOn constate aussi que des salariés attendent d’être en fin de carrière pour oser faire leur transition », ajoute Catherine Tripon. 

Se pose aussi la question des role models féminins, analysent de concert Catherine Tripon et Christelle Foucault, Directrice Diversité et engagement externe du groupe Sanofi. « Au printemps dernier, ajoute cette dernière, nous avons organisé une table-ronde avec l’athlète Pauline Déroulède pour parler de visibilité lesbienne en entreprise. En la préparant, je me suis rendue compte que je peinais à remplir une diapositive montrant les lesbiennes connues dans le monde, alors que les hommes gays remplissent trois ou quatre slides ». Les femmes en entreprise souffrent en effet du fameux plafond de verre et rencontrent des difficultés à accéder à des postes à responsabilités.

À juste titre ou pas, les femmes ne veulent pas ajouter un énième obstacle potentiel à l’avancée de leur carrière, en affichant leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
Christelle Foucault

Christelle Foucault

Directrice Diversité et engagement externe chez Sanofi

Les entreprises et les associations, vigies

À ce jour, 250 entreprises et institutions ont signé la Charte d’engagement LGBT+ de l’Autre Cercle. « En signant, les entreprises s’engagent à la mise en place d’un plan d’action sur trois ans » pour faire avancer concrètement la cause dans le monde professionnel. « Sanofi l’a signée en 2020 (et re-signée il y a quelques semaines, ndlr) », raconte Christelle Foucault. Cet engagement est dans la continuité d’un ERG Pride (réseaux internes de collaborateurs dont la vocation est de soutenir la politique Diversité et Inclusion d’une entreprise) fondée il y a une dizaine d’années, en 2014 exactement pour le réseau LGBT+ & Friends (France) et qui fêtera donc ses 10 ans l’année des JO.

« Signer la Charte est un moment fort pour une entreprise. C’est la reconnaissance de l’importance du réseau des collaborateurs et de leur contribution pour faire tomber les tabous et rendre visible une communauté dans le monde professionnel », commente la directrice. En la signant, l’entreprise s’engage à des actions concrètes, « la formation des managers, l’adaptation des offres d’emploi pour être le plus inclusif possible », mais aussi l’activation des avantages sociaux pour tous.

Un progrès dans le monde de l’entreprise qui est fragile, rappelle Catherine Tripon. « Nous sommes tributaires des retournements politiques ».  Rappelons par exemple que 23 Etats américains ont récemment interdit la participation au sport scolaire aux jeunes filles trans.  Cette décision n’est pas sans impact sur leur santé physique, psychique, sur leur intégration sociale, contribuant ainsi un peu plus à les exclure de la société. « Ce n’est jamais gagné, le monde associatif est une vigie ». L’entreprise, aussi.

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