Elisabeth de Kermadec, scientifique chez Sanofi à Cambridge, Massachusetts, Etats-Unis

Les avancées en matière de R&D sur le cancer du sein reposent sur une connaissance approfondie de la maladie, l’adoption de nouvelles approches dans la conception des médicaments et, surtout, une bonne écoute. Nous avons demandé à Elisabeth de Kermadec, scientifique chez Sanofi, de nous en dire plus sur le sujet.

« Ces dix dernières années, d’importantes avancées ont été réalisées dans le traitement du cancer du sein. L’amélioration des diagnostics et le recours à de nouveaux traitements permettent de gagner un temps précieux pour les patientes.1 Mais pour les femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique, la menace constante de rechute, de propagation et de progression du cancer demeure une triste réalité. »

Elisabeth de Kermadec, directrice de la recherche clinique

Avant de rejoindre l’équipe de R&D en oncologie de Sanofi en 2019, je soignais les femmes atteintes de cancer du sein en tant que  qu’oncologue. Ce qui me frappait le plus, c’était de voir ces patientes atteintes d’une maladie métastatique accepter de recourir à des traitements aux effets secondaires assez lourds, et je me souviens de la difficulté à les préparer à la réalité de ce qui les attendait. Quand le cancer se propage à d’autres parties du corps, on a tendance à sous-estimer l’importance de la qualité de vie lorsqu’on envisage différentes options. Or cela peut avoir un fort impact sur l'état du patient et rendre plus difficile le travail du médecin pour leur conseiller le traitement le mieux adapté.

L’amélioration des solutions thérapeutiques pour les personnes atteintes d’un cancer du sein métastatique est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Dans mon expérience de médecin, j’ai pu voir à quel point cela peut changer le ressenti des patientes et de leurs proches, de l’étape du diagnostic au processus de traitement lui-même. Le recours à des médicaments plus faciles à utiliser permettrait aux femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique d’être plus impliquées dans leur traitement, à leur équipe soignante de se concentrer sur l’accompagnement émotionnel et social, et à leur médecin de les aider à trouver un meilleur équilibre entre traitement et qualité de vie.2

L’écoute, un maillon essentiel

En 2019, quand j’ai rejoint Sanofi en tant que Directeur en recherches cliniques, j’ai été impressionnée par l’étendue de son programme d’oncologie. On aurait dit une machine prodigieuse, quasi magique, reposant sur un vaste éventail d’expertise et de technologies, et le talent de chercheurs déterminés à faire avancer la recherche pour élaborer de nouvelles solutions thérapeutiques. De nouvelles approches de recherche, comme la biologie synthétique et les et les conjugués anticorps-médicaments, aident nos équipes à concevoir de nouveaux traitements pour lutter contre la résistance aux médicaments ou limiter les dommages causés aux tissus sains.

Mais dans mon quotidien en tant de Directeur de recherches cliniques, j’ai surtout pu constater à quel point l’écoute est motrice dans l’innovation ciblée. Elle constitue la première étape – cruciale – dans la formulation de solutions thérapeutiques adaptées aux besoins réels des patients, notamment en matière de qualité de vie.

Les technologies qui font avancer la recherche chez Sanofi

Biomarqueurs

Utiliser des indices biologiques permettant de prédire les réactions d’un patient à un médicament.

Dégradeurs de protéines

Concevoir de nouveaux médicaments capables de cibler et de détruire les protéines qui favorisent la croissance des cancers.

Immunothérapie

Renforcer le système immunitaire pour qu’il détecte et détruise les cellules cancéreuses sans déclencher de réponse auto-immune.

Conjugués anticorps-médicaments

Concevoir des anticorps permettant à des médicaments puissants de cibler directement les tumeurs.

Biologie synthétique

Utiliser un alphabet génétique élargi pour adapter les médicaments et réduire leurs effets toxiques.

En savoir plus sur les plateformes technologiques de Sanofi

« L’écoute » se décline sous plusieurs formes chez Sanofi, des discussions individuelles à l’analyse des données du monde réel. Pour moi, ce qui ressort, c’est la manière dont les panels de patients sont consultés lors de la mise en place des essais cliniques. Écouter pour mieux comprendre leur quotidien et leur expérience directe de la recherche nous permet de nous concentrer sur ce dont ils ont le plus besoin et d’inclure des personnes représentatives de la communauté de patients au sens large.

Lacunes dans les traitements

Dans une enquête menée par le groupe de défense Metastatic Breast Cancer (MBC) Alliance3, les patientes ont exprimé leur frustration quant à l’approche « essai-erreur » des thérapies appliquées. Elles souhaitent un recours accru à des biomarqueurs susceptibles d’aider leur médecin à prédire les avantages d’un traitement pour elles à titre individuel. Et attendent également une toxicité moindre des thérapies.4

Reconnaissance et soutien

Le diagnostic d’un cancer du sein métastatique présente des implications tout autres que le dépistage à un stade plus précoce. Une enquête menée en 2017 auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique5 a souligné la nécessité d’une plus grande reconnaissance et d’un soutien accru des patientes à un stade avancé de la maladie.

Disparités économiques

Plus de soixante pour cent des décès liés à un cancer du sein métastatique surviennent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où les femmes tardent à consulter et se voient généralement diagnostiquer leur cancer du sein à un stade avancé.6,7,8

Le cancer hormono-dépedendant

Pour répondre au mieux aux attentes des patientes, nous devons d’abord être à l’écoute de leurs médecins. C’est ce qui a guidé nos travaux sur le cancer du sein à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+), forme de cancer où la croissance tumorale est accélérée par les récepteurs d’œstrogènes. Lorsque celui-ci devient métastatique, il peut développer une résistance à des thérapies qui fonctionnaient jusque-là pour la patiente. Le fait de recourir rapidement à plusieurs traitements successivement peut avoir un fort impact sur la qualité de vie, c’est pourquoi la lutte contre la résistance aux médicaments est une priorité absolue pour nos équipes.

Nous sommes à l’écoute des patientes et de leurs familles, dont le souhait principal est de réduire au minimum les visites en clinique, particulièrement pendant la pandémie. Néanmoins, les traitements contre les cancers métastatiques sont souvent administrés en intraveineuse ou intramusculaire9, ce qui requiert une prise en charge clinique. C’est ce qui nous motive dans nos recherches pour élaborer de nouvelles solutions thérapeutiques, notamment un traitement capable d’inhiber la croissance tumorale en dégradant les récepteurs d’œstrogènes.

Récepteurs hormonaux et cancer du sein

HR+

Le cancer du sein se décline sous de nombreuses formes. Les plus couramment diagnostiqués sont ceux à récepteurs hormonaux positifs (HR+), où la croissance tumorale est alimentée par les œstrogènes ou la progestérone.10 Ces cancers se déclinent comme suit :

  • récepteurs positifs d’œstrogènes (ER+) ou 
  • récepteurs positifs de progestérone (PR+).

HR–

Les autres formes incluent :

  • les récepteurs négatifs d’hormones
  • les récepteurs 2 positifs du facteur de croissance épidermique humain
  • les récepteurs 2 négatifs du facteur de croissance épidermique humain

Les cancers du sein peuvent également être une combinaison de plusieurs de ces formes.

– – –

Les cancers du sein « triple négatifs » ne s’expriment pas via les récepteurs d’œstrogènes, de progestérone ou les récepteurs 2 du facteur de croissance épidermique humain.

Chaque étape compte

Il a fallu l’implication de nombreuses personnes pour nous amener là où nous sommes aujourd’hui, mais nous devons maintenir le rythme et rester à l’écoute de chacun. Lorsque je travaillais en tant que clinicienne spécialisée dans la prise en charge des patientes atteintes de cancers métastatiques, il était facile de trouver que l’innovation n’avançait pas assez vite. Mais je sais que, dans l’ensemble, chaque découverte, chaque petit pas vers l’optimisation d’une thérapie, peut contribuer à améliorer la vie des patientes et de leurs familles. Et j’ai vraiment de la chance d’en faire partie.

Elisabeth de Kermadec, directrice de la recherche clinique chez Sanofi

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Références (affichées)

  1. Mayer M, Crawford-Gray K (2015) Analysis of quality of life: research on living with MBC. MBC Alliance. Accessed at https://www.mbcalliance.org/wp-content/uploads/Chapter-3-1.pdf on 22 September 2021
  2. Aranda, S., et al. (2005) Mapping the quality of life and unmet needs of urban women with metastatic breast cancer. Eur J Cancer Care 14: 211-22; doi: 10.1111/j.1365-2354.2005.00541.x
  3. MBC Alliance survey results. Accessed at https://www.mbcalliance.org/survey on 22 September 2021
  4. Mayer M, Crawford-Gray K (2015) Analysis of quality of life: research on living with MBC. MBC Alliance. Accessed at https://www.mbcalliance.org/wp-content/uploads/Chapter-3-1.pdf on 22 September 2021
  5. Reeder-Hayes KE, Anderson BO (2017) Breast cancer disparities at home and abroad: a review of the challenges and opportunities for system-level change. Clin Cancer Res 23:2655–2664; doi: 10.1158/1078-0432.CCR-16-2630
  6. Jemal A et al. (2012) Cancer burden in Africa and opportunities for prevention. Cancer 118:4372-4384
  7. International Agency for Research on Cancer and World Health Organization (2020) Latest global cancer data: Cancer burden rises to 19.3 million new case and 10.0 million cancer deaths in 2020 Accessed at https://iarc.fr/wp-content/uploads/2020/12/pr292_E.pdf on 22 September 2022
  8. Clark GM, et al. (1984) Correlations between estrogen receptor, progesterone receptor, and patient characteristics in human breast cancer. J Clin Oncol 2:1102–1109
  9. American Cancer Society. Hormone Therapy for Breast Cancer. Accessed at https://www.cancer.org/cancer/breast-cancer/treatment/hormone-therapy-for-breast-cancer.html on 22 September 2021
  10. Altwegg KA et al. (2021). Role of estrogen receptor coregulators in endocrine resistant breast cancer. Exploration of targeted anti-tumor therapy 2:385–400; doi: 10.37349/etat.2021.00052

MAT-GLB-2103950 v 1.0 | Octobre 2021 | Dernière mise à jour en septembre 2021